Le courage: trait de caractère, vertu ou les deux?
Le courage: trait de caractère, vertu ou les deux?
Le courage est sans doute la qualité la plus universellement admirée. Il jouit d’un grand prestige dans toutes les sociétés à travers toutes les époques.
Partout la lâcheté est méprisée et la bravoure est estimée.
Même si le courage, qui serait la capacité de surmonter la peur, peut servir à tout, au bien comme au mal, il reste la vertu des héros.
Si au départ on peut considérer le courage comme étant un trait de caractère qui démontre une faible sensibilité à la peur, soit qu’on la ressente peu, soit qu’on la supporte bien, le courage devient une vertu lorsqu’il est utilisé au service d’autrui.
Les anciens y voyaient la marque de la virilité (andreia, qui signifie courage en grec, virtus en latin qui désigne l’homme).
Comme vertu, le courage suppose une forme de désintéressement, d’altruisme ou de générosité.
Ce courage là n’est pas l’absence de peur : c’est la capacité de la surmonter, quand elle est là, par une volonté plus forte et plus généreuse.
Ce n’est plus seulement physiologie : c’est une force d’âme, face au danger.
Ce n’est plus une passion : c’est une vertu, et la condition de toutes.
D’après Jankélévitch le courage n’est pas un savoir mais une décision, non une opinion mais un acte. La raison ne suffit pas à agir ou vouloir. Il faut encore surmonter en soi tout ce qui tremble ou résiste, tout ce qui préférerait une illusion rassurante ou un mensonge confortable. De là ce qu’on appelle le courage intellectuel, qui est le refus, dans la pensée de céder à la peur : le refus de se soumettre à autre chose qu’à la vérité, que rien n’effraie et fût-elle effrayante.
C’est aussi ce qu’on appelle la lucidité , qui est le courage du vrai.
Le courage ne va pas sans mesure. Comme toute vertu, selon Aristote, le courage se tient au milieu entre deux extrêmes : la lâcheté et la témérité. Le lâche est trop soumis à sa peur, le téméraire trop insouciant de sa vie ou du danger, pour pouvoir l’un ou l’autre être véritablement courageux.
Article inspiré du livre Petit traité des grandes vertus d’André Comte-Sponville.